Dans le recueil des Lettres Persanes de Montesquieu, la lettre 143 écrite par Rica à Nathanaël Levi, un médecin juif, procède à une argumentation philosophique contre les superstitions et s’appuie sur un exemple cocasse en la forme d’une correspondance entre deux médecins, cette lettre étant enchâssée dans la première. La particularité de la lettre 143 réside en ce que la forme épistolaire est mise au service d’une argumentation. Nous verrons d’abord que cette lettre est mise au service d’une argumentation philosophique, qu’ensuite cette argumentation s’appuie sur un récit enchâssé présentée sous la forme d’une lettre. Enfin, nous verrons que la forme épistolaire est mise au service d’une critique.

I) Une lettre au service d’une argumentation philosophique

a) Forme traditionnelle de la lettre de Rica à Nathanaël : * Présence d’éléments formels de la lettre : utilisation de la fonction référentielle avec l’en-tête « A livourne » et la présence du lieu et de la date : « De Paris, le 20 de la lune de Chahban, 1720 ». Egalement, présence d’un Post-Scriptum à la fin de la lettre. * Utilisation du présent et du futur qui correspondent au temps de la lettre. * Marquage énonciatif apparent :
Omniprésence du destinateur à travers la P1 : « je », « me » l1, « moi » l7. Modalisateur : « Il me semble » l54
‘Présence’ du destinataire à travers la P2 « tu », « te », « t’ ». On remarque également la présence du destinataire dans le corps de la lettre car celui ci est interpellé à travers des apostrophes « Nathanaël » et « Mais toi » l13 et l64 et des interrogatives commençant par « Penses-tu » « Crois-tu » « Veux-tu ».
Présence de la P4 « nous » l3 regroupant le destinateur et le destinataire. b) Une argumentation philosophique * Utilisation de la fonction expressive :
Modalité interrogative : Succession de questions rhétoriques renforcées par « que » : l35 à 37 : « Crois tu que… ? que… ? »
Ligne 38 à 43 « Penses tu que la mort… ?