Le droit a la paresse
Paul Lafargue
Un problème grave qui a touché l’agriculture américaine et européenne, et qui pourrait encore se prolonger est celui de la surproduction.
Paul Lafargue se propose d’expliquer en termes d’intensité du travail, les raisons des crises de surproduction. En effet, il publie pour la première fois le pamphlet Le Droit à la Paresse sous la forme de plusieurs articles parus en 1880. Gendre de Marx, qui fait son éducation économique, il est l’un des responsables de l’Internationale socialiste. D’où ma problématique : En quoi le capitalisme, en exigeant un travail acharné, est-il générateur de crises ?
1. La réfutation du droit au travail
A. Le mépris du travail
- Lafargue remonte aux origines lointaines de la civilisation et montre que le travail acharné n’est pas érigé en droit ou en devoir : « Jéhovah, le dieu barbu et rébarbatif, donna à ses adorateurs le suprême exemple de la paresse idéale ; après six jours de travail, il se reposa pour l’éternité. »
- De même, les sociétés premières n’ont pas, pour leur plus grand bonheur, une image positive du travail : leurs cultures se fondaient au contraire sur la jouissance des plaisirs de la vie et qui n’étaient donc pas livrés au travail effréné. Pour celles-ci, il valait mieux tuer les vieux afin de leur épargner la douleur de ne plus être en mesure de goûter aux joies de l’existence pour leur éviter la sentence suprême de crever au fond d’un champ, seuls.
- Et je dirai même qu’elles avaient compris que le travail est le pire des esclavages : « Les Grecs de la grande époque n’avaient que du mépris pour le travail : aux esclaves seuls il était permis de travailler : l’homme libre ne connaissait que les exercices corporels (demandez au prof à Monsieur L’Hôte, il l’a très bien compris) et les jeux de l’intelligence. Les philosophes de l’antiquité enseignaient le mépris du travail, cette dégradation de l’homme libre ; les poètes chantaient la paresse, ce