Le défunt par erreur
L’évolution psychologique du peintre
Jusqu’où peut mener le désir d’obtenir la fortune et la gloire? Dino Buzzati nous raconte le destin tordu de Lucio Predonzani dans sa nouvelle «Le défunt par erreur».
Predonzani, un célèbre peintre italien à la retraite est profondément affecté, bouleversé, lorsqu’il tombe, par hasard, sur un article de journal totalement erroné qui déplore la mort de l’artiste. Devant une telle bévue, le peintre est non seulement indigné, «abasourdi» (lg 16), il «n’en croit pas ses yeux» (lg 16) et reste «pétrifié» (lg 3) au point d’en perdre son souffle (lg 23). C’est même avec la «voix angoissée» (lg 26) qu’il en fait part à sa femme. Le vocabulaire lié à la peur paralysante illustre l’ampleur du drame que vit le protagoniste.
Ce dernier va même jusqu’à annoncer sa vengeance à l’endroit du directeur du journal : «ça va lui coûter cher» (lg 45).
Enragé, Predonzani se présente devant le directeur et est rapidement déstabilisé par le manque de sérieux que ce dernier accorde à la situation, la qualifiant de « petite erreur… légère divergence» (lg ), un vocabulaire qui contraste avec les états d’âme du maître de l’art. Cette situation amène le peintre à menacer, avec véhémence, le journal de poursuite. «Il y a de quoi virer fou…j’exige une rectification » (lg ) dira-t-il au directeur qui, pour éviter le pire, tente d’esquiver ses responsabilités en proposant un virement de situation.
Il dépeint l’événement comme étant une «chance extraordinaire…» (lg ) et propose à l’artiste de tirer profit du contexte : les œuvres d’un artiste décédé valent plus cher. Si Predonzani accepte de jouer au mort, ses tableaux pourraient lui rapporter beaucoup d’argent. Est-ce l’appât du gain ou le désir orgueilleux de célébrité qui a poussé le peintre à accepter? Difficile à dire, mais «il ne sut pas dire non» (lg ).
Pendant un mois, Predonzani ne sortit jamais. Sa femme joua le jeu, il peignait et ses