Le fil a plomb
Vénérable Maître, et vous tous, mes Frères, en vos grades et qualités.
Le sujet de ma planche d’obligation de ce jour, je l’ai choisi il y a 3 ans avec mon « premier » second surveillant - si je puis dire -, et j’ai continué à y travailler avec mon « second » second surveillant - si j’ose dire -. Il y a donc trois ans, j’avais du m’éloigner de notre atelier pour des raisons professionnelles et, dans l’incapacité d’être assidu aux tenues, j’avais sollicité un congé que vous m’aviez accordé. Je me dois d’avouer qu’au cours de cette période, mon Fil à plomb s’est balancé de droite et de gauche, sans doute en raison du peu d’attention que je lui accordais. De retour sur la colonne du Nord, à ma place d’apprenti, observateur et silencieux, je tente à nouveau de percer les secrets des symboles, je laisse mon esprit se vivifier au rythme des rituels, je suis irradié par votre chaleur fraternelle: le Fil à plomb est de nouveau en équilibre, je peux me laisser guider par lui.
Si j’ai choisi le Fil à plomb, ce n’est pas par attirance particulière pour le symbole maçonnique qu’il représente, mais plus prosaïquement, pour des raisons affectives : mon père, artisan maçon, bâtissait des maisons et, comme tout bon bâtisseur, il accordait à cet outil une importance première. Mon regard d’enfant lui prêtait alors le pouvoir extraordinaire de domestiquer cette force invisible et de construire ainsi des murs parfaitement droits.
Je l’ai compris plus tard, nul n’était besoin pour mon père de connaître la théorie de Newton pour se servir de la pesanteur terrestre, pas plus qu’il n’avait étudié le théorème de Pythagore alors qu’avec un simple décamètre il implantait de façon magique deux murs exactement à l’équerre.
C’est que les lois qui définissent ces réalités ne sont pas nécessairement connues dans l’abstrait ; mais n’importe quel maçon, n’importe quel géomètre grec, romain, égyptien, chinois ou inca sait concrètement que le fil à plomb lui indique