Le gone du chaâba
L’œuvre de Azouz Begag peut être considéré comme une œuvre innovatrice, elle est non seulement initiatrice d’un nouveau genre qui n’apparaît qu’au XXème siècle : la littérature beur, qui apporte surtout un langage nouveau, cela va de soi mais aussi elle est innovatrice en ce qui concerne l’autobiographie.
Ainsi, en quoi consiste véritablement la littérature beur ? Qu’est ce qui fait du langage azouzien une innovation littéraire ? Et quelle est la relation qu’entretient le gone du Chaâba avec l’autobiographie ?
La littérature beur n’est entre autre que la voix des enfants d’immigrés, des écrivains tiraillés entre deux identités discordantes, ballotés entre une arabité astreignante et une francité discriminante, c’est le mal du siècle, le mal d’être, c’est le romantisme maghrébin. Le « je » dans toute l’œuvre est déchiré entre le « nous » et le « ils », il n’est jamais à sa place, il se balance entre deux cultures sans jamais être vraiment affilié à aucune d’elle, ainsi, le tout devient rien. Il n’est ni totalement arabe, ni totalement Français, son identité est brumeuse et peu claire.
C’est là que l’écrivain beur veut intervenir dans la volonté de changer sa situation, il veut dénoncer l’ethnocide dont souffre la communauté beur, stigmatiser la discrimination et le racisme de la part des Français de souche. Il relate sa vie, décrit la banlieue miséreuse où il vivotait, narre son quotidien avec un certain humour délibéré et révélateur.
Ainsi, appartenant à ses deux cultures, le langage de l’écrivain ne peut être qu’affecté, le métissage culturel crée alors, un métissage linguistique, en effet, entre un dialecte arabe et un dialecte lyonnais, le lecteur se perd, ce métissage, ou ce code beur permet de révéler la hantise de la double identité même dans le langage de l’écrivain beur qui ne peut qu’espérer, par le ralliement des deux cultures, une conciliation entre ses deux mondes.
Effectivement, parler de sa vie passée, de son enfance