le goût
INE 3222522
Philosophie contemporaine LLPHI503
Le goût est-il une affaire de mesure ?
"Les cuisines d'Hamilcar n'étant pas suffisantes, le Conseil leur avait envoyé des esclaves, de la vaisselle, des lits ; et l'on voyait au milieu du jardin, comme sur un champ de bataille quand on brûle les morts, de grands feux clairs où rôtissaient des bœufs. Les pains saupoudrés d'anis alternaient avec les gros fromages plus lourds que des disques, et les cratères pleins de vin, et les canthares pleins d'eau auprès des corbeilles en filigrane d'or qui contenaient des fleurs. La joie de pouvoir enfin se gorger à l'aise dilatait tous les yeux ; çà et là, les chansons commençaient."
Ces quelques lignes extraites du premier chapitre de Salammbô de Flaubert font immédiatement frémir les papilles et nous fait expérimenter la réception de l'information sensible d'un grand festin qui se prépare, à l'évocation d'odeurs, de goûts, de couleurs et de sons comme le crépitement d'un feu. Elles parlent d'elles-mêmes de ce qu'est le goût, un de nos cinq sens. Le goût, c'est le sens gustatif, c’est ce qui nous permet de voir le monde au travers de nos papilles.
Quant à la mesure, le second terme clé du sujet qui interroge la notion de goût, le dictionnaire Larousse la définit tout d'abord comme "rapport numérique d'une grandeur à une autre grandeur de même nature prise comme unité ; repérage de la position d'une grandeur dite repérable dans une échelle admise par convention, même si l'on ne sait pas définir le rapport à une unité" mais aussi en musique comme "unité rythmique, elle-même divisée en temps." C'est donc l'idée qui permet de se repérer dans le monde, de le comprendre au sens latin (cum-prehender), de la saisir avec soi : de l’appréhender.
Le goût et la mesure sont ainsi liés en ce que le goût apporte une information quantitative et qualitative sur les saveurs. C’est précisément cette idée que Kant développe dans sa Critique de la Raison Pure, lorsqu’il définit