Le jugement des morts

2408 mots 10 pages
Le Jugement des morts « Écoute, comme on dit, une belle histoire » (523a 1). L’espérance du philosophe commence par « il était une fois ». Socrate ajoutera plus loin : « Bien sûr, il n’y aurait rien d’étonnant à mépriser ce genre d’histoire si en cherchant par-çi, par-là, nous pouvions trouver quelque chose de mieux et de plus vrai » (527a). Le mythe supplée les défaillances de la raison et sert d’auxiliaire à l’éducation : il vise à faire peur aux enfants (le Croquemitaine du Phédon), et ici à convertir, en dernier recours, un Calliclès toujours hostile : « Allons, laisse-toi convaincre par moi...» (527c). Son silence final rend bien hypothétique l’efficacité de cette pédagogie par l’image : on ne connaîtra jamais la réponse de Calliclès à l’ultime interpellation de Socrate : « Car ton raisonnement, Calliclès, est sans aucune valeur » (527e). La philosophie, qui ne veut pourtant entendre que la voix de la raison, qui est l’esprit se ressouvenant de lui-même, accepte donc le mythe, faute de mieux, comme un outil pédagogique. Dans la République (III, 414b sq), Platon, pour attacher les citoyens à leur cité, avance « un pieux et noble mythe », celui de l’autochtonie, qui imagine que les ancêtres sont tous nés de la terre, leur mère. Platon se fait souvent le critique d’Homère, de l’imagination désordonnée des poètes ; il dénonce le mensonge de certains mythes — c’est ainsi qu’ici même, il ne dit rien du meurtre de Cronos par Zeus, légende sacrilège qu’il critique en Rép. III, 377c sq — mais recourt pourtant lui-même au mythe quand le raisonnement ne sait pas conclure. On sait que le mythe se substitue chez Platon au point aveugle qui éblouit la pensée quand, se ressouvenant d’elle-même, elle s’interroge sur son origine. Or, le Phédon et le Banquet nous l’ont appris, la mort et l’amour, qui délivrent l’âme de la caverne où l’opinion la tient enchaînée et ainsi commencent le travail de la pensée, ne se peuvent regarder en face. Pour dire l’amour,

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