Le lyrisme baudelairien
RÉSUMÉ
Le lyrisme baudelairien ne saurait donc être confondu avec un idéalisme; la transcendance qui lanime ne vise pas un autre monde: elle est le mouvement par lequel notre monde se révèle autre au sujet qui s’ouvre à lui.
Mots-clés: Romantisme; Modernité; Lyrisme; Spatialité; Charles Baudelaire
Si l’on a célébré un peu partout en 2007 le cent-cinquantième anniversaire des Fleurs du Mal, cest qu’on reconnaît en elles un sommet de la poésie française, et un moment important de son histoire. Toute une part de la réception moderne et contemporaine est pourtant assez critique à leur égard, et tend à leur préférer par exemple Le Spleen de Paris, ce titre que Michel Deguy na pas hésité à emprunter à Baudelaire.*1 Beaucoup, comme déjà Rimbaud, trouvent leur forme "mesquine"1.*2 Et Jean-Marie Gleize dit préférer pour les "chiens" de la prose baudelairienne aux chats qui hantent les vers des Fleurs du Mal.
Or n’est-ce pas précisément grâce à leur forme: forme versifiée, forme fixe, souvent brève, que les poèmes qui les composent s’impriment durablement dans la mémoire? Et d’ailleurs, cette forme n’est-elle pas aujourd’hui redevenue d’actualité? Beaucoup de poètes français ont redécouvert ces dernières années les vertus du vers, qu’il s’agisse de réhabiliter le vers régulier, comme le fait Jacques Réda2, ou d’inventer de nouvelles formes de versification, comme s’y essaient, entre autres, Pierre Alfieri ou Philippe Beck.
Mais la forme ne suffit pas à expliquer la fortune des Fleurs du Mal. Si certains d’entre nous les connaissent encore par cœur, c’est parce quelles parlent à notre cœur, se logent au cœur de notre conscience la plus intime. Et si elles ont franchi les frontières et survécu à l’épreuve de la traduction, c’est que leur résonance n’est pas seulement liée à leur consonance, au rythme, à l’harmonie et à la mélodie de leurs vers, mais aussi à leur sens, capable de