Le mal est la perversité d’une volonté qui se détourne du bien.
1956 mots
8 pages
« Nul n’est méchant volontairement » affirme Socrate au cours de discussions avec Ménon. En réalité sous influence platonicienne, l’idée qu’évoque Socrate consiste a priori en une déresponsabilisation du mal commis par l’Homme. Quelques siècles plus tard, au sein d’une Europe christianisée, le théologien Saint-Augustin développe alors dans Les Confessions une thèse adverse dans laquelle il définit le mal comme « la perversité d’une volonté qui se détourne du bien ». C’est devant ces deux visions de l’origine du mal que s’esquissent deux manières de concevoir l’implication de l’Homme pour le mal. Il s’agira donc de considérer dans quelle mesure l’Homme est responsable du mal qu’il commet. Afin d’apporter une réponse à cette problématique, nous montrerons dans un premier que la corrélation entre le mal et la volonté n’est a priori pas établie clairement. Nous présenterons ensuite l’idée que l’édification du mal tire aussi son origine de l’Homme conscient et responsable. Enfin nous montrerons dans une troisième partie que l’on ne peut pas seulement interpréter le bien ou le mal comme le résultat subi de la volonté ou d’une force supérieure.
L’Homme n’est pas par nature essentiellement mauvais selon Platon, et le mal dont il est l’auteur n’émanerait que d’une simple ignorance de ce qu’est le bien. Cette pensée optimiste se retrouve chez Rousseau dans La profession de foi du Vicaire savoyard, le vicaire affirme que « nous n’apprenons point à vouloir notre bien et à fuir notre mal ». La citation de Rousseau appuie alors la thèse platonicienne. Ainsi, l’Homme pense donc faire le bien, tout en ignorant le caractère malveillant dont il pourrait faire l’objet, comme l’illustre la mauvaise influence de la représentation sociale sur le comportement des personnages principaux dans Les Âmes fortes. Qu’est-ce qui explique alors l’existence du mal chez l’Homme ? Dieu ne peut pas en être l’origine puisqu’il est la perfection par définition, quant à mettre en cause la nature,