Le marché du livre
Comment répondriez-vous à cette question aujourd’hui ?
Le marché du livre s’est beaucoup développé ces dernières années. Les maisons d’édition sont la propriété de groupes industriels dont les considérations premières ne sont pas littéraires. C’est pourquoi la production s’est orientée vers une commercialisation accrue, une puissance écrasante de distribution, de promotion et de conflits d’intérêts. Ainsi, chaque rentrée littéraire est le point d’orgue de cette marchandisation du livre avec son lot de nouveaux ouvrages - on en compte plus de sept cents par an. Mais comment les œuvres sont-elles choisies par les éditeurs ? Pourquoi une maison d’édition va-t-elle sélectionner telle œuvre plutôt qu’une autre ? Sa ligne éditoriale, au-delà de la forme et du fond, n’est-elle pas soumise à des enjeux financiers ? La qualité de l’oeuvre est souvent associée à la rentabilité ; pourtant certains éditeurs peu scrupuleux n’hésitent pas à ne jouer que la carte financière en publiant des œuvres vers lesquelles le public se tourne plus facilement, des œuvres parfois proches de ce que l’on nomme péjorativement la « para-littérature ».
La qualité est tout d’abord loin d’être synonyme d’invendable. Il est en effet possible de fidéliser des lecteurs sur des écrivains de renom. La maison d’édition Fayard en a fait son credo. De teneur classique, elle mise sur des noms connus, des auteurs-phares, comme Georges Simenon, un auteur de romans policiers à succès. Grasset, d’autre part, spécialisé dans la recherche et le lancement de nouveaux talents, a fait sa gloire avec les écrivains Proust, Cocteau, ou encore Giono. Cependant, il se montre plus réticent à publier des romans qui sont trop originaux du point de vue de la forme. Roger Martin du Gard s’est par exemple vu refuser la