Lecture analytique 3 : Baudelaire, «le mauvais vitrier», Petits poèmes en prose, 1867

Introduction : Baudelaire appartient clairement à cette lignée de poètes après 1850 qu'on nomme les "poètes maudits", d'après une expression de Verlaine qui établit dans un article une liste de ces poètes, où il s'inclut lui-même. L'expression désigne le sentiment de marginalisation de ces poètes, qui se sentent exclus de leur société contemporaine pour deux raisons: des raisons morales: ils vivent en marge des codes sociaux et moraux de leur époque (drogues, alcoolisme, homosexualité pour Verlaine et Rimbaud, errance) --> on sait que le procès des Fleurs du Mal en 51 et la condamnation de celui-ci pour "outrage aux bonnes mœurs" a anéanti Baudelaire des raisons esthétiques: leurs textes, très novateurs, sont très peu appréciés de leurs contemporains, voire rejetés, et on ne commencera qu'après leur mort à reconnaître la valeur immense de leur œuvre; ils sont fondateurs de la modernité en poésie
Les Petits poèmes en prose de Baudelaire, recueil publié à titre posthume par des amis du poète, est un ouvrage très représentatif de ce qu'écrivaient les poèmes en prose. En effet, tout y est novateur: Baudelaire fait le choix de la prose, en s'appuyant sur les travaux d'un poète précurseur, Alyosius Bertrand (Gaspar de la Nuit), ce qui bouscule les limites de la poésie en tant que genre littéraire. Mais les sujets choisis (la modernité, la ville, la folie, le spleen...) sont aussi jugés dérangeants.
Dans ce poème, nous assistons en effet à la mise en scène d'une anecdote étrange: le narrateur s'amuse à persécuter au hasard un pauvre vitrier.
Comment, à travers un texte énigmatique, le narrateur met-il en scène son sentiment de marginalisation?