Le meilleur moyen de défendre la langue est de l'attaquer
C’est ainsi que Proust, en 1908, écrit une lettre à Mme Strauss, dans sa Correspondance. Dans cette lettre, il explique que « la seule manière de défendre la langue française, c’est de l’attaquer. » Ces deux attitudes semblent à premières vues paradoxales, la défense étant le strict opposé de l’attaque. Mais nous allons étudier ici comment l’attaque peut constituer un outil de défense de la langue, comme semble le penser Proust. Il s’agit de savoir comment l’attitude d’attaque prônée par l’auteur peut être un élément efficace de défense de la langue. Il s’agira dans un premier temps de définir la notion de défense de la langue, et pourquoi cela semble-t-il nécessaire à de nombreux intellectuels français, puis de montrer comment cette attitude d’attaque, qui semble à première vue opposée à la défense, peut en fait apporter à la langue française. Enfin, nous verrons comment d’autres stratégies peuvent être utilisées afin de défendre le français.
I. Pour quoi devoir défendre la langue française ?
• Que doit-on défendre, qu’il y a-t-il à protéger, en d’autres termes, qu’est-ce que cette langue française qu’il faudrait préserver ?
1635, cardinal Richelieu fonde académie française : « nettoyer la langue des ordures qu’elle avait contractées, ou dans la bouche du peuple, ou dans la foule du palais et dans les impuretés de la chicane ou par le mauvais usage des courtisans. » Clairement attitude de défense, relever la langue, la sortir des modifications apportées par bassesse du peuple.
A sa suite, apogée idée de défense, XVII opère sorte de mise en ordre, renforcer la langue, en faire un outil administratif.
Epuration des néologismes, archaïsmes, provincialismes. Langue de l’unité, renforcer cette unité en la structurant. Idée toujours valable à présent, langue française rattache à appartenance, culture, prestige -> faut la préserver. Egalement la protéger face à la puissance des autres