Le menteur
« Un homme disait qu'il était en train de mentir. Ce que l'homme disait est-il vrai ou faux ? »
On pourrait allonger ce paradoxe par cet énoncé : « La phrase suivante est fausse. La phrase précédente est vraie. »[2]
Attribuons à Épiménide le propos « Tous les Crétois sont des menteurs.» Ceci était considéré par les philosophes antiques comme un paradoxe puisqu'il échappait au principe de non-contradiction. En effet, soit Épiménide dit vrai, alors il ment (puisque c'est un Crétois), donc son affirmation est fausse (puisque tous les Crétois mentent). Soit, au contraire, Épiménide ment en disant cela, alors son affirmation est vraie.
Aristote semble faire allusion à ce paradoxe dans les Réfutations sophistiques (25, 180b2-7) et donne cette solution : on peut mentir en général, tout en disant la vérité sur un point particulier[1]. La contradiction disparaît dès lors qu'on comprend la proposition ainsi : « Je dis vrai en disant que je mens » : la vérité en question n'est plus alors absolue, mais relative à un contenu déterminé[1]. Une ambiguïté naît donc de la confusion entre le langage et le métalangage (celui qui parle du langage dans lequel il parle au moment où il parle)[1].
Les interprètes modernes ont résolu ce paradoxe en l'étalant dans l'espace. En effet, tout ce qu'on peut déduire de la citation d'Épiménide, c'est qu'elle est fausse ; en particulier tous les Crétois ne sont pas des menteurs, mais Épiménide, lui, en est un. On résout ainsi le paradoxe en l'étalant dans l'espace. Néanmoins la phrase, au présent, nécessiterait une analyse au même temps, avec toute l'instantanéité nécessaire à la résolution de l'assertion d'Épiménide.
En fait, la négation de « Tous les Crétois sont des