Le mythe du bon sauvage
Le mythe chez Montaigne dans Des Cannibales
Le début du mythe du « bon sauvage » est souvent attribué à Montaigne, même si les fondations de ce mythe sont biens antérieurs. Montaigne aborde le sujet dans les chapitres Des Cannibales et Des Coches de ses Essais. De nombreux critiques maintiennent que l’auteur prend position en faveur des peuples autochtones qui vivent tranquillement dans la nature et contre les Européens qui ne s’intéressent qu’à s’enrichir et à corrompre des peuples innocents.
Montaigne souligne l’importance de choisir la raison par rapport à la voix commune et introduit le principe de relativisme culturel ainsi que l’idée de tolérance. Il dit que la culture « civilisée » ne connait pas toujours la vérité et, peut-être, que les Européens se trompent en appelant les Amérindiens anthropophages des « barbares. » En comparant les Européens au peuple Tupinamba de Brésil dans Des Cannibales, Montaigne essaie de montrer la « barbarie » de l’action destructrice des Européens. Ses descriptions des Tupinambasoulignent pour les lecteurs la perfection de leur harmonie avec la nature. Leur mode de vie surpasse toutes les imaginations de « l’âge d’or » et il compare ce peuple « naturel » et « pur » aux fruits sauvages qui sont menacés par le goût corrompu des Européens. Selon Montaigne, l’innocence des Tupinamba est plus pure que l’état social.
Certains critiques questionnent la fiabilité des sources qu’emploie Montaigne en partie à cause de son exagération. Il est de fait indéniable que Montaigne commente l’Histoire d'un voyage fait en la terre du Brésil publié par Jean de Léry en 1578 : l’essai Des Cannibalessemble alors une conversation avec le texte de Léry et une gageure pour penser hors de l’habitude de pensée. Néanmoins, le chapitreDes Coches, qui continue ce premier plaidoyer en s’appuyant sur d’autres sources, montre que la position de Montaigne est celle de l’étonnement plus que de la leçon.