Le médecin malgré lui
GÉRONTE.- Monsieur, voici tout à l'heure, ma fille qu'on va vous amener.
SGANARELLE.- Je l'attends, Monsieur, avec toute la médecine.
GÉRONTE.- Où est-elle?
SGANARELLE, se touchant le front.- Là-dedans.
GÉRONTE.- Fort bien.
SGANARELLE, en voulant toucher les tétons de la nourrice.- Mais, comme je m'intéresse à toute votre famille, il faut que j'essaye un peu le lait de votre nourrice: et que je visite son sein.
LUCAS, le tirant, et lui faisant faire la pirouette.- Nanain, nanain, je n'avons que faire de ça.
SGANARELLE.- C'est l'office du médecin, de voir les tétons des nourrices.
LUCAS.- Il gnia office qui quienne, je sis votte sarviteur.
SGANARELLE.- As-tu bien la hardiesse de t'opposer au médecin? Hors de là.
LUCAS.- Je me moque de ça.
SGANARELLE, en le regardant de travers.- Je te donnerai la fièvre.
JACQUELINE, prenant Lucas par le bras, et lui faisant aussi faire la pirouette.- Ôte-toi de là, aussi, est-ce que je ne sis pas assez grande pour me défendre moi-même, s'il me fait quelque chose, qui ne soit pas à faire?
LUCAS.- Je ne veux pas qu'il te tâte moi.
SGANARELLE.- Fi, le vilain, qui est jaloux de sa femme.
GÉRONTE.- Voici ma fille.
Analyse :
Dans cet extrait, nous comprenons bien que Sganarelle n'est pas un vrai médecin. Sganarelle utilise des mots non appropriés pour un médecin comme : « et que je visite son sein ». Un vrai médecin, aurait plutôt parlé d'analyser son sein. Nous remarquons que Sganarelle a une image positive des médecins grâce à sa réplique : « As-tu bien la hardiesse de t'opposer au médecin ? Hors de là ! ». Contrairement à Lucas qui lui se moque complètement que se soit un médecin « Je me moque de ça. ». Les lecteurs rigolent donc de son diagnostic, de ses explications et de ses