Le nationalisme suisse à travers une carte postale de 1918
Avril 2014
Le nationalisme suisse à travers une carte postale de 1918
« Pour passer de l'Europe des princes à l'Europe des nations, il a fallu convaincre de disparates ensembles de population que, malgré leurs évidentes différences, ils avaient une identité et que celle-ci était le fondement d'un intérêt collectif », cette citation, empruntée à A.-M. Thiesse1, met en lumière l'importance du nationalisme dans la construction des Etats-nations et de leur stabilité. Le nationalisme étant ici entendu comme étant une idéologie politique visant à assurer la cohésion et l'unité d'une population autour d'éléments unificiateurs. Propre à chaque pays, il succède au déclin des royaumes et accompagne la lente démocratisation des systèmes politiques. Le cas de la
Confédération Suisse est particulièrement intéressant à analyser sous cet angle car la diversité de ce pays (fédéralisme, multilinguisme et multiconfessionnalité) est telle que A. Chollet en parle comme étant une « nation fracturée »2. Sans prétendre à l'exhaustivité et par le biais de l'analyse d'une carte postale particulièrement symbolique de 1918, je vais traiter de plusieurs thématiques principales du nationalisme suisse. Il est tout d'abord nécessaire d'ancrer historiquement la production de cette iconographie, comprise en tant que vecteur d'une certaine conception de la Suisse dans un contexte particulier. Cette carte postale, visible dans la section "Panorama de l'histoire suisse" à l'étage inférieur du musée national suisse de Prangins, représente le Palais Federal solidement bâti sur une petite île bravant une mer houleuse et un temps orageux. Aux coins supérieurs est écrit, une fois en allemand et une fois en français : « Comme une île de paix au milieu des tempêtes La Suisse est à l’abri des horreurs de la guerre, Les Etats tout puissants qui bordent ses frontières Ont respecté ses droits et les promesses faites. » A cette époque la carte postale est un support