Le nouveau roman
L’écrivain et le théoricien Jean Ricardou considère que le roman traditionnel était «l’écriture d’une aventure» tandis que le Nouveau Roman est «l’aventure d’une écriture». Le roman traditionnel racontait une histoire, alors que dans le Nouveau Roman, ce qui compte ce n’est plus l’histoire, mais le fonctionnement du texte, de l’écriture-même.
Le même auteur propose une répartition en trois grandes parties des périodes de l’histoire de la littérature : * L’âge classique (l’antiquité, la renaissance, le classicisme) : la littérature est écrite en fonction des normes de la rhétorique ; * L’âge romantique se libère de la domination de la rhétorique et a deux objectifs : l’expression (l’étalage du moi comme expression de la subjectivité) et la représentation (le projet réaliste : représenter le monde, l’univers à l’image du monde réel) ; * L’âge moderne : la production domine ; le texte littéraire est un produit réalisé, selon un plan très clairement formulé, en toute lucidité, selon des principes de fabrication très complexe et qui correspond à une activité artisanale (l’écrivain est un artisan). L’accent tombe sur le faire, sur ce qui fait le texte.
Dans la littérature antérieure, le sens était préalable à l’œuvre (Balzac se proposait, par exemple d’écrire, un roman sur la jalousie, sur l’avarice, le sens était donc préalable), tandis que la littérature moderne, le sens est produit par l’œuvre et le texte est produit progressivement par le texte-même (c’est le résultat de la volonté de l’auteur, et le résultat des forces internes du texte, ce que l’on appelle l’inconscient du texte, théorie qui apparaît déjà dans les manifestes des surréalistes – le hasard objectif).
Le Nouveau Roman désigne tout texte qui se pose à l’intérieur de lui-même le problème de son fonctionnement (l’autoreprésentation : le texte propose une interrogation sur les principes, les conditions de sa propre existence).
Le Nouveau Roman n’est pas une école