Le pardon chez jankélévitch
De plus, il est, selon Jankélévitch, de toute façon impossible de pardonner quand bien même nous le voudrions. En premier lieu, on ne peut pas pardonner aux Allemands parce que la justice est incapable de punir les coupables. Or, punir, c’est pardonner. La condamnation permet en effet d’expier et donc d’oublier. La justice ne peut pas être parce qu’il n’y a justice que lorsqu’il y a proportionnalité entre la punition et le crime. Ce qui s’est passé dans les camps est si monstrueux, si énorme qu’il n’y a pas de punition possible. Emprisonner les bourreaux, les fusiller, les pendre restent des actes dérisoires par rapport à l’horreur des faits.
En outre, et cette fois-ci le problème est moral, il ne faut pas pardonner. Pardonner, disions-nous, c’est oublier. Or, ces crimes ne doivent pas être oubliés parce qu’oublier ce serait faire comme si les victimes n’avaient jamais existé, ce serait alors commettre un deuxième crime. Comme l’affirme Jankélévitch, le pardon est mort dans les camps de la mort.
Alors, pardonner ou non ? Il me semble qu’il faut faire la part des choses en s’aidant de ce que dit Hannah Arendt dans La condition de l’homme moderne. Arendt rappelle que la première théorie du pardon remonte au Nouveau Testament selon lequel les hommes, et en particulier Jésus, se voient accorder le droit de pardonner, droit qui était jusqu’à présent réservé à Dieu. Si les hommes peuvent pardonner, c’est parce que les hommes qui font le mal le font le plus souvent par ignorance. Les hommes font le mal parce qu’ils ne voient pas le bien. C’est ce que Hannah Arendt appelle le manquement.
Il existe