Le partage du pouvoir exécutif
JOBERT
Le partage du pouvoir exécutif
Les Français sont souvent comme le Poète : les pieds à peine sur terre et la tête dans les étoiles. Spécialement dès qu'ils évoquent la Constitution, dont ils ont si souvent changé : ils rêvent toujours
de la prochaine, tout en se référant à la défunte qu'ils ont fini par comprendre, tandis qu'ils vivent présentement avec un autre texte. On doit les excuser puisqu'ils n'ont pas, comme le citoyen américain, la même et seule Constitution depuis 1787, ou comme le citoyen britannique, la tradition d'une monarchie constitutionnelle.
Le commentaire des analystes politiques contribue à les égarer :
on l'a bien vu pour les Institutions de la Ve République qui n'ont cessé d'être appréciées inconsciemment, pièce à pièce, par rapport aux procédures, aux habitudes ou aux altérations de la IVe Répu¬
blique. Ainsi en est-il de la loi électorale, qui n'appartient pas aux Institutions, mais qui est un incomparable instrument pour leur utilisation leur interprétation, pourrait-on dire. Chacun connaît les effets du scrutin uninominal à deux tours, sur une longue période.
Comme au théâtre, il « force les effets » : le puissant est plus puissant, et le faible écrasé. Certains veulent donc changer de loi électorale et évoquent plusieurs formules de scrutin à la proportionnelle. On en a mesuré les effets néfastes sous la IVe République. Aussi s'en souvienton en oubliant que, depuis, la France a changé de République, que la légitimité populaire s'inscrit d'abord dans l'élection du Président de la République au suffrage universel direct, avant de se diversifier au gré des élections législatives. Les inconvénients de la proportionnelle multiplicité des tendances, majorités d'occasion faisant échec au monolithisme des partis, encouragement à l'instabilité deviennent
mineurs s'ils sont rapportés à la primauté du Président de la RépuPouvoirs 4, 1982
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Michel Jobert
blique sur toutes les autres Institutions, si