Le petit noyau
Proust, connu dans le monde littéraire pour sa virtuosité, nous offre ici une description qui peut paraître au premier abord fastidieuse. Le lecteur ne comprend pas immédiatement le rapport entre le titre du roman et ce commencement peu commun, où il n’est guère plus question d’amour que de Swann. Alors cet extrait remplit-il vraiment les fonctions d’un incipit romanesque ? Dans quel but l’auteur accorde-t-il tant d’importance à ce groupe de petits bourgeois ? afin de répondre à ces questions, qui semblent légitimes, nous étudierons d’abord les caractéristiques de cet incipit, puis nous tenterons d’analyser la fonction de ce texte, c'est-à-dire la critique sociale dont il est porteur. Ce texte tient le rôle d’un incipit romanesque ; d’une part, évidemment, de par se position au début du récit, mais aussi parce qu’il procure au lecteur des informations sur le cadre spatio-temporel, les personnages, l’ambiance, autant d’indices nécessaires à la compréhension de l’œuvre.
Tout d’abord, on remarque aisément grâce aux noms propres (Rubinstein et Planté, célèbres pianistes du début du XXème siècle), à l’atmosphère de réceptions bourgeoises qui s’exhale de ces lignes, que le roman se déroule à l’époque de Proust, au sein de ces sociétés mondaines ou pseudo mondaines. L’auteur accorde une place de choix à la présentation des soirées chez les Verdurin,