Le petit prince
Assis seul sur le flanc d’un volcan inaccessible vit un petit prince mélancolique. Ses cheveux couleur d’or flottent au vent de la nécessité. Il est un objet éloigné cherchant à dévoiler mon existence. S’il éclaire mon visage, c’est que je suis devenu un voyeur en quête de lumière. Voilà une dure épreuve qui creuse l’angoisse du promeneur lorsque le plaisir quitte la brise du funambule pour venir caresser sa rêverie.
Vous savez, ce mystérieux petit prince n’a pas cette méprise du cœur que j’ai observé chez les hommes au cours de mes nombreux voyages. Son corps est habillé d’étoiles et de roses. Il est un temple fragile enflammé par des grains de larmes oubliées. Je ressens sa présence à la fois timide et secrète. Dans sa forteresse singulière, n’y a-t-il pas un phare pour explorateurs imprudents ?
Penché sur le bord du monde, je m’amuse à jongler avec mes propres égarements. Suis-je ce pêcheur qui espère tailler des blocs de lumière dans cette montagne liquide et obscure qui m’écrase ? Suis-je infidèle à mes absences sur ce chemin qui me déroute ?
Cette porte qui s’ouvre brise l’ardeur de mon souffle. Plus je m’éloigne et plus ce petit prince semble m’apprivoiser. Il est cet arbre enraciné au plus profond de la douleur des autres. Il est un rêve d’enfance perdu dans cette aveuglante dérision de l’adulte. Et s’il n’était que la vision solitaire de mes égarements, son regard signerait la triste malédiction de mon existence.
Sur mon bateau qui souille depuis six longues années les vagues émoussées de la mer, je me sens troublé. Alors pour me soulager du tangage et de ce roulis incessant, je prends un fruit. Il est de couleur chair et orange. Bientôt je ressens les privations de la pesanteur et la chute de ma colère. Dans cet état euphorique, il me semble voir des chevaux géants courir dans la glaise rouge. Le bruit de leurs pas résonne lourdement sur mes certitudes.
Dans mon songe, il y a une corde qui sommeille.