Le portrait de Frenhofer
Le chef d’œuvre inconnu, Balzac
Amorce : Balzac n'a incorporé que tardivement Le Chef-d'œuvre inconnu à La Comédie humaine. L'action de cette nouvelle, située au début du XVIIe siècle, se déroule en effet longtemps auparavant.
Présentation du texte : C'est une étrange rencontre que fait ici Nicolas Poussin qui, tout jeune homme, n'est pas encore un peintre reconnu. Dans l'escalier qui le mène chez Porbus, un célèbre peintre de cour, il aperçoit un vieillard mystérieux qu'il observe avec curiosité.
Balzac présente au lecteur ce curieux personnage à travers un double regard : le sien propre et celui de Nicolas Poussin.
Ce portrait permet de voir à l'œuvre le réalisme balzacien qui, tout en partant du réel, cherche à le dépasser et peut prendre une couleur fantastique.
I. Un portrait réaliste
A) Le cadre
La scène se passe dans un cadre spatio-temporelle vraisemblable : « l’escalier » ; « le palier ». Le déterminant défini nous projette dans la scène.
La brièveté et la simplicité de la première phrase permet au lecteur de visualiser facilement la scène : « Un vieillard vint à monter l’escalier ». L’emploi du passé simple indique un événement important. L’arrivée du personnage semble importante dans le cadre du récit. Le portrait trouve sa justification.
B) La description du personnage
L’ampleur du champ lexical du corps met en évidence la précision du portrait :
La description s’attache aux détails du visage. Son regard descend du « front » au « nez », à la « bouche » et au « menton » puis remonte sur les « yeux », les « sourcils », les « arcades ». Cette précision d’anatomiste rappelle l’étude d’une tête de vieillard par Léonard de Vinci : chacun des éléments du visage ou du corps est caractérisé par un adjectif descriptif (« saillantes », « écrasé »…). L’attention à tous ces reliefs du visage rappelle que Balzac est un adepte de la physiognomonie, selon laquelle le caractère d’un individu peut se déduire de la morphologie de son