Le pouvoir exécutif pour les rédacteurs de la constitution de 1958
INTRODUCTION : Aux régimes d’assemblées des IIIème et IVème Républiques, succéda celui, beaucoup plus rationnalisé de la Vème, lequel rompt notamment avec le déséquilibre institutionnel caractérisant ses prédécesseurs. La Vème République nait de l’incapacité de la IV ème à régler le « problème algérien ». Celle-ci, déjà considérablement affaiblie par la guerre d’Indochine, perd définitivement toute crédibilité en ne parvenant pas à contenir les insurrections du 13 mai 1958, menées par les défenseurs de l’Algérie française, et complaisamment non réprimée par les militaires en poste à Alger. Le recours à l’homme providentiel qu’est le Général De Gaulle, avec tout ce qu’il représente, et la légitimité historique qui lui est attachée, s’impose dès lors comme une évidence, et celuici se voit nommé et investi président du Conseil après la démission de Pierre Pfimlin. Chef du gouvernement le 1er juin 1958, De Gaulle se voit octroyer les pleins-pouvoirs, qu’il réclamait, le lendemain, ainsi que la compétence pour réviser la Constitution par la loi constitutionnelle du 3 juin 1958. Fortement marquée par les idées gaulliennes, notamment exposées dans le Discours de Bayeux du 16 juin 1946, et soutenue par Michel Debré, lui-même fervent gaulliste, la nouvelle Constitution, soumise au référendum le 28 septembre 1958, est acceptée à une écrasante majorité, et entre en vigueur le 4 octobre suivant. L’on peut dès lors s’interroger sur les nouvelles institutions mises en place, et notamment sur la place et le rôle du pouvoir exécutif au sein de celles-ci, telles qu’elles découlent de la conception qu’en avaient les rédacteurs de la Constitution de la V ème République. Dans l’étude spécifique de la fonction exécutrice, il convient donc de se demander si l’on assiste, en 1958, à une continuité ou, au contraire, à une véritable rupture institutionnelle au regard de la pratique constitutionnelle des régimes antérieurs,