Le pouvoir syndical dans le monde
Christian LEVESQUE *, Gregor MURRAY **
La mondialisation économique provoque-t-elle inéluctablement un affaiblissement syndical ? Dans les pays les plus développés de l’hémisphère nord, la réponse à cette question semble axiomatique : chute de l’effectif syndical, flexibilisation du cadre réglementaire, affaissement de l’influence politique des syndicats, incapacité structurelle de répondre à la mobilité géographique et financière du capital, panne dans l’expression des valeurs traditionnelles véhiculées, difficulté manifeste de rejoindre les forces vives des nouveaux mouvements sociaux. Cette lecture pessimiste est souvent mise à la charge de la mondialisation et contribue à une morosité galopante dans le monde syndical, surtout sur le plan de ses appareils. Cette thèse univoque de l’affaiblissement syndical ne traduit pas réellement la variété des situations observées sur le terrain. La mondialisation exerce certes des effets significatifs sur les syndicats aux plans de l’établissement, de la région, de la branche, de la profession ou du pays. Une thèse alternative – celle qui sous-tend cet article - veut que l’impact réel de la mondialisation varie selon la capacité des syndicats de mobiliser leurs ressources de pouvoir. Puisque les contours de son pouvoir sont en mutation dans ce nouveau contexte mondialisé, l’acteur syndical est appelé à revoir ses sources de pouvoir afin de les actualiser et de les renouveler.
* Professeur à HEC Montréal et codirecteur du Centre de recherche interuniversitaire sur la mondialisation et le travail (CRIMT – Université de Montréal, Université Laval, HEC Montréal) ** Professeur à l’Ecole de relations industrielles, Université de Montréal et directeur du CRIMT
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Revue de l'IRES n° 41 - 2003/1
Cet article tente de conceptualiser ce processus et d’offrir des clés de lecture susceptibles de renforcer le pouvoir syndical dans ce nouveau