Le premier grand magasin
Le bon marché en 1887
Aristide Boucicaut (1810-1877), Le Bon Marché : le commerçant qui a établi les principes de la grande distribution
A l’Exposition universelle de Paris, en 1855, un commerçant prospère flâne dans les allées. Aristide Boucicaut est l’associé d’un certain Paul Videau, avec qui il gère depuis 1852 «Au Bon Marché», un «magasin de nouveautés» de la rue de Sèvres qui vend des draps, du tissu, des articles de mercerie, des matelas et des parapluies.
Les affaires sont bonnes, car la première révolution industrielle est en train de transformer la capitale : sa population, qui a doublé depuis le début du siècle, atteint 1 million d’habitants et le montant de l’épargne y a quintuplé en vingt ans. Subjugué par l’étalage de biens et par l’effervescence de la foule qui s’extasie devant chaque stand, Boucicaut a une idée qui va révolutionner le commerce et poser les fondements de la grande distribution : le libre accès du consommateur au magasin, sans obligation d’achat.
Au cours des deux décennies suivantes, il invente le marketing et le merchandising, et fait du Bon Marché un temple de la consommation incarnant les valeurs de la bourgeoisie du second Empire (1852-1870). Emile Zola, fasciné par ce magasin, décrira l’irrésistible ascension d’Aristide Boucicaut dans son roman «Au bonheur des dames».
Fils de chapelier. Le triple pari de Boucicaut : mettre sous les yeux des clients une telle profusion de biens qu’ils ne peuvent se retenir d’acheter ; leur laisser le choix de repartir sans effectuer d’emplettes ; afficher des prix fixes. Grâce à cette stratégie, il va multiplier par vingt-cinq le chiffre d’affaires de son enseigne en vingt ans. A sa mort, en 1877, le Bon Marché, premier grand magasin de l’histoire, est connu dans le monde entier et emploie 1 788 salariés qui servent 18 000 consommateurs par jour.
C’est de cette réussite spectaculaire qu’est née l’expression «la bosse du commerce», à cause de celle qui