La question de la justice distributive est et demeure une question extrêmement pointue à laquelle il est difficile d’échapper en philosophie moderne. S’il est difficile – voir impossible – d’élaborer une théorie et proposer quoi que ce soit sans prendre une position déjà en partie explorée, c’est parce que l’unique but de toute recherche en justice distributive concerne la recherche de l’équité. John Rawls, dans Theory of Justice, pose sa conception de la justice notamment en présentant son « principe de différence », lequel propose qu’il est acceptable de tolérer les inégalités lorsqu’elles sont au bénéfice de tous, qu’il doit y avoir une égalité des chances et que le modèle social doit être « maximiné ». Malgré de bonnes intentions, le principe de différence de Rawls n’est cependant pas équitable. Tant dans sa tendance irrespectueuse envers les plus favorisés et leurs ambitions que dans la subjectivité des principes moraux la régissant, le principe de différence passe à côté de ses objectifs. Dans son argumentation, Rawls place les plus démunis sur un piédestal et leur accorde, à vrai dire, presque l’essentiel de son travail. Cette propension à accorder tant d’importance à un groupe en particulier est une faille dans son raisonnement. Si Boudon exploite cette faille pour critiquer Rawls par rapport au fait que le groupe majoritaire (la classe moyenne) est sous-représenté, il ne faut pas non plus oublier la classe favorisée. Rawls base sa logique sur un rapport oppresseur-opprimé, où les favorisés piétinent les droits des démunis. L’application du principe de différence de Rawls viendrait créer de nouvelles inégalités, plaçant alors les favorisés comme opprimés, échangeant ainsi les rôles pour n’obtenir qu’une nouvelle situation d’injustice. Sous le poids des mécanismes étatiques limitant la réalisation des individus productifs, la classe favorisée serait contrainte de se soumettre à l’autorité des autres. Ainsi, un individu dont