Le Proverbe de Marcel Aymé
M. Jacotin est un père tyrannique qui est persuadé que sa famille profite de lui. En effet, il pense qu’il est victime de tous ceux qui vivent sous son toit parce qu’il s’est sacrifié pour eux. Il leur reproche donc leur inconscience à l’égard de ce qu’il fait pour eux et surtout leur manque de reconnaissance envers lui et leur en tient rancune. C’est pourquoi il se complaît à entretenir chez lui une « atmosphère de contrainte » (l.10) qui prépare ses réactions toujours violentes et injustes. En outre, il a un rapport de supériorité vis-à-vis de tous les membres de sa famille. Il les considère de haut et les juge sans tenir compte de leur personnalité ; il leur dénie même leur nature humaine et les voit en animaux. Ainsi, ses enfants, son épouse et la tante Julie s’assimilent à un troupeau courbé « sur la pâture » (l.3), qui consomme sans produire. Son impression est renforcée lorsqu’il regarde son épouse à l’air « chétif » (l.20) et « peureux » (l.21) qui ne lui fait pas honneur ou ses filles qu’il accuse de lui « dérob[er] son bien » et de boire « toute la sueur de ses peines» (l.33-34). À ses yeux, tout le monde profite de lui comme le feraient des rapaces. Ce père coléreux est aussi suspicieux car à chaque fois qu’il regarde l’un des membres de sa famille, il lui fait un procès d’intention sans connaître les faits. C’est ainsi que Lucien est accusé de vouloir « déchirer » (l.46) son tablier parce qu’il tord l’un de ses plis