Le rapport au temps
Et si on travaillait «parce que» plutôt que «pour»? Dans ces deux petits mots, on voit apparaître la notion de sens. «Carl Jung disait que la possibilité de donner un sens à quelque chose permet de supporter presque tout, et que l’absence de sens conduit à la maladie», rappelle Serge Marquis, qui a écrit une fable sur ce thème dans son livre Bienvenue parmi les humains.
La Truite et le Clochard raconte l’histoire d’un sans-abri rejeté par tous, y compris par ... les poubelles. Devant cet échec, le malheureux doit faire un choix: pleurer sur son triste sort ou travailler à sa propre réalisation. Il décide de se consacrer à la dépollution d’une rivière parce qu’il sait qu’ainsi il pourra se sentir utile. Morale de l’histoire? C’est en nous engageant dans un projet qui nous ressemble, et sur lequel nous avons un certain contrôle, que nous pouvons trouver un sens à notre vie.
La technologie a modifié profondément modifié notre rapport au temps.
«On confond action et agitation, pense Jacques Dufresne. Quand on est reposé, on pose des gestes efficaces. Quand on est stressé, on fait une multitude de petits gestes qui donnent l’illusion de l’efficacité. On se grise d’être au travail, on confond sueur et résultats.» C’est ainsi qu’on fait en vitesse cinq fois le tour du quadrilatère pour trouver la place de stationnement... qu’on n’a pas eu le temps de voir au premier tour. Pire: on va au bureau par un beau samedi ensoleillé et, par manque de concentration, on ne fournit que l’équivalent d’une petite heure de