TPE: LE REGARD DE MICHEL FOUCAULT

I. SOIGNER OU PUNIR ?

a) Le « crime-folie »

L'histoire rappelle que depuis le Moyen-Age la théorie de la responsabilité dominait. L'individu était donc jugé sur ses actes et l'état mental n'était donc pas pris en considération.

Dans un article de 1981, intitulé «L'évolution de la notion d'individu dangereux dans la psychiatrie légale», Michel Foucault souligne qu'à la fin du 18ème siècle le droit pénal posait la question de la folie lorsqu'elle se présentait sous la forme de la démence ou de la «fureur».

L'intervention de la psychiatrie dans le domaine pénal s'est faite au début du 19ème, et notamment au sujet d'événements criminels extrêmement rares et violents, dans des situations où le crime était contre nature, accompli sans raison.

Ainsi la psychiatrisation du crime au 19ème siècle s'est inaugurée par une pathologie du «monstrueux», et elle a inventé une entité fictive d'un «crime-folie, d'un crime qui est tout entier folie, d'une folie qui n'est rien d'autre que crime», soit ce que l'on a appelé la monomanie homicide.

Jean-Étienne Dominique Esquirol (1772-1840), psychiatre français a introduit cette terminologie pour désigner le monomaniaque porté sur le meurtre. C'est à partir de cette notion que les magistrats de l'époque ont fini par accepter l'analyse psychiatrique des crimes.
Cette désignation va disparaître au cour du 19ème et 20ème siècle au profit de celle de l'individu dangereux. Dans ce tournant décisif pour la pénalité, le médical utilise l'expertise pour juger le degré de dangerosité et de conscience.
L'individu dangereux est alors jugé tout à la fois malade et criminel, sans être ni tout à fait l'un, ni tout à fait l'autre. L'opposition s'instaure entre le pénal et le médical.

Avec la psychiatrie médicale dans les tribunaux, la dangerosité devient l'inverse de la responsabilité. Un fou ne peut être considéré comme conscient de ce qu'il se fait à