Le retour au desert de koltes
Édouard dans l’intention de récupérer la maison familiale et de régler des comptes. Une violente dispute l’oppose à son frère Adrien, devant les serviteurs, Aziz et Madame Queuleu.
AZIZ. – Qu’ils se tapent donc, et, quand ils seront calmés, Aziz ramassera les morceaux.
Entre Édouard.
MADAME QUEULEU. – Édouard, je t’en supplie, je vais devenir folle. Édouard retient sa mère, Aziz retient Adrien.
ADRIEN. – Tu crois, pauvre folle, que tu peux défier le monde ?
Qui es-tu pour provoquer tous les gens honorables ? Qui penses-tu être pour bafouer les bonnes manières, critiquer les habitudes des autres, accuser, calomnier, injurier le monde entier ? Tu n’es qu’une femme, une femme sans fortune, une mère célibataire, une fille-mère, et, il y a peu de temps encore, tu aurais été bannie de la société, on te cracherait au visage et on t’enfermerait dans une pièce secrète pour faire comme si tu n’existais pas. Que viens-tu revendiquer ? Oui, notre père t’a forcée à dîner à genoux pendant un an à cause de ton péché, mais la peine n’était pas assez sévère, non. Aujourd’hui encore, c’est à genoux que tu devrais manger à notre table, à genoux que tu devrais me parler, à genoux devant ma femme, devant Madame Queuleu, devant tes enfants. Pour qui te prends-tu, pour qui nous prends-tu, pour sans cesse nous maudire et nous défier ?
MATHILDE. – Eh bien, oui, je te défie, Adrien ; et avec toi ton fils, et ce qui te sert de femme. Je vous défie, vous tous, dans cette maison, et je défie le jardin qui l’entoure et l’arbre sous lequel ma fille se damne, et le mur qui entoure le jardin. Je vous défie, l’air que vous respirez, la pluie qui tombe sur vos têtes, la terre sur laquelle vous marchez ; je défie cette ville, chacune de ses rues et chacune de ses maisons ; je défie le fleuve qui la traverse, le canal et les péniches sur le canal, je défie le ciel qui est au-dessus de vos têtes, les