Le roman du 18eme siècle
SUJET
« Par un roman, on a entendu jusqu'à ce jour un tissu d'événements chimériques et frivoles, dont la lecture était dangereuse pour le goût et pour les moeurs. Je voudrais bien qu'on trouvât un autre nom pour les ouvrages de Richardson, qui élèvent l'esprit, qui touchent l'âme, qui respirent partout l'amour du bien, et qu'on appelle aussi des romans. » [Denis Diderot, Eloge de Richardson, in Oeuvres esthétiques. Classiques Garnier, Paris, 1997, p.29].
Après avoir commenté la citation, vous montrerez, exemples et extraits de textes à l'appui, comment les romans du XVIII° siècle répondent ou non de cette intention.
INTRODUCTION
Par son caractère hybride et parodiques des genres qui le précèdent, le roman semble être le premier genre à déconstruire véritablement la muraille de la contrainte formelle. C'est pourquoi Diderot rappelle que le roman de son siècle est parfois vu comme un « tissu d'événements chimériques et frivoles » (Eloge de Richardson, 1762). Mais l'auteur affirme aussi que certains ouvrages « respirent partout l'amour du bien » et élèveraient par là les goûts et les moeurs du lecteur. Où le roman se situe-t-il par rapport à ces deux pôles que sont la liberté d'écriture et la volonté moralisante ? Nous verrons d'abord comment se manifeste une intention de changement des moeurs dans le genre romanesque du XVIII° siècle, puis comment celui-ci dépasse cette finalité pour se donner de nouvelles possibilités.
I – LE ROMAN COMME INTENTION SOCIALE ET MORALE
1) Montrer le bien comme un modèle
Tout d'abord, lorsqu'un auteur se risque à produire des écrits dans un genre nouveau et aussi peu défini que le roman, il aura souvent tendance à justifier son oeuvre en se donnant des intentions qui répondent aux attentes du lectorat de son époque. Cette forme de « captatio benevolentiae » se manifeste par une peinture du bien censée montrer l'exemple au public (et qui sert parfois à échapper à la