Le roman négro-africain de la deuxième génération se veut délibérément une œuvre littéraire intégrant l’enracinement et l’ouverture. Enracinement dans la mesure où les écrivains ne cachent pas leur désir de recourir aux procédés narratifs traditionnels, mais aussi ouverture en ce sens que le simple fait d’envisager d’écrire au lieu de « conter » suppose l’ouverture à ceux dont l’écriture constitue à juste titre une valeur ancestrale. Dès lors, il est important de se demander comment il est possible d’intégrer des facteurs qui, a priori, sont si différents, voire contradictoires. Comment peut-on envisager au sein d’un seul et même ensemble des éléments dont la nature et les sources semblent se repousser ? Ces interrogations sont d’autant plus pertinentes que si l’écriture est du ressort du figé, la parole, quant à elle, associe, plus que toute autre forme de langage, les éléments extralinguistiques (suprasegmentaux) ─ comme le contexte ─ qui contribuent à son épaississement. C’est donc à cette tâche ardue que s’attelleront nos écrivains plus que jamais décidés à forger un modèle nouveau de roman devant leur consacrer de façon décisive la place si longtemps réclamée dans la littérature mondiale.
1. LES INFLUENCES DU « NOUVEAU ROMAN » FRANÇAIS
Sans faire de la littérature comparée ─ ce qui est loin de nos préoccupations dans cet article ─ l’on considère qu’une analyse conséquente des formes du roman négro-africain d’après les indépendances, particulièrement ceux de la « seconde génération », ne saurait nier l’influence manifeste exercée par le roman français du XXe siècle sur son « frère cadet africain ». En effet, comment d’ailleurs pouvait-il en être autrement lorsqu’on sait que l’écrasante majorité de ces écrivains furent des enseignants au lycée ou dans le supérieur où ils ne manqueraient pas d’avoir abordé ces « nouveaux romans » s’ils ne les ont pas enseignés ? L’influence des romanciers français sur leurs confrères africains était inévitable, et peut se