Le roman
Origine d'un mot Au Moyen Âge, le mot roman désigne d'abord la langue vulgaire, langue parlée de communication, par opposition au latin. L'expression mettre en roman renvoie donc à la transcription et à l'adaptation en langue romane de textes divers, alors que l'on nomme «estoire» ou «conte» le récit de fiction. Cependant, dans le prologue du Chevalier à la Charrette (1176 -1181 ), Chrétien de Troyes affirme «entreprendre un roman» : naît ainsi un rapprochement entre ce terme roman et une forme narrative spécifique, rapprochement qui aboutira à la désignation générique moderne. La question du roman antique Pour Bakhtine (Esthétique et théorie du roman, 1978), le roman existe dès le moment où le récit repose sur une dynamique qui représente l'homme dans son devenir. Il distingue ainsi l'Iliade (épopée dont la matière est le collectif) de l'Odyssée, qui, à partir du périple d'Ulysse, ressemblerait déjà à un roman. Pour d'autres, il convient de réserver l'appellation à des œuvres plus tardives : le roman prendrait naissance dans des sociétés en mutation, grecque (entre le Ier et le IIIesiècles av. J.-C.) puis latine (celle de la Rome impériale), qui accordent plus de place à la notion d'individu et où peuvent s'exprimer un questionnement, un parcours et une réponse personnels face aux hasards du monde. Très vite, le genre est aussi nettement marqué par un mode de représentation réaliste. Ainsi, \eSatiricon de Pétrone (Ier siècle), roman d'amour, est également un tableau des mœurs sous Néron, au fil des différents milieux que côtoient trois jeunes gens pendant leur voyage en Italie. L'avènement du roman médiéval Dans l'histoire du roman français, le XIIesiècle constitue un moment fondateur. Cette naissance du roman s'inscrit dans un espace, celui des diverses cours, où apparaît un public nouveau, laïc, dont on s'efforce de prendre en compte les goûts et les valeurs. Ce roman du XII e siècle ne ressemble pas à la prose narrative que nous