Le roman
Les propos de camus développés dans L'Homme révolté (1951), apparaissent plus nuancés : « Qu'est-ce que le roman [] sinon cet univers où l'action trouve forme, où les mots de la fin sont prononcés [] où toute vie prend le visage du destin. Le monde romanesque n'est que la correction de ce monde-ci, suivant le désir profond de l'homme. Car il s'agit bien du même monde. [] Les héros ont notre langage, nos faiblesses, nos forces. Leur univers n'est ni plus beau ni plus édifiant que le nôtre. Mais eux, du moins, courent jusqu'au bout de leur destin et il n'est de si bouleversants héros que ceux qui vont jusqu'à l'extrémité de leur passion, Kirilov et Stravoguine, Mme Graslin, Julien Sorel ou le prince de Clèves. C'est ici que nous perdons leur mesure, car ils finissent alors ce que nous n'achevons jamais. » camus reconnaît que le roman prend pour cadre la réalité, comme le souligne le choix de ses exemples. Les personnages cités appartiennent tous à des romans ayant un cadre historique précis. Il accorde un statut tout particulier au « héros ». Or, tous les personnages principaux de romans sont-ils extraordinaires ? De manière plus générale, ont-ils un destin, c'est-à-dire un parcours exceptionnel