Le romantisme, artificiel ?
« On la tourmente, on la force, on la dénature, on la fait dégénérer en un jargon métis, qui perd ses grâces naturelles sous les lambeaux d'une parure empruntée. »
Pour Louis-Simon Auger, le romantisme déforme la prose ; il la rend incompréhensible et artificielle. Il corrompt la pensée et avilit la langue. Mais n'est-ce pas paradoxal ? En effet, le romantisme est un mouvement littéraire qui prône de laisser une large place à l'expression de ses sentiments, de ses états d'âmes. Lorsque l'on réalise une œuvre romantique, le « moi » guide le récit, la peinture ou la sculpture. L'artiste nous fait part de sa sensibilité, de son ressenti, son œuvre est vraie et résulte de ses pensées les plus sincères. Le classicisme aurait tendance, au contraire, à enfermer les émotions de l'artiste derrière des barrières de convenances et de règles à respecter. Le sublime qu'évoque Louis-Simon Auger, se traduit par une simplicité et un naturel, purifiés de toute forme de passions. Il faut plaire et instruire en composant des œuvres selon les normes universelles de la beauté et du bon goût. Seulement, composer dans les règles de la bienséance prive l'œuvre d'une part d'humanité. Un humain est avant tout un être vivant, empli de sentiments et capable d'éprouver des émotions fortes. Un artiste a pour but de partager ces émotions à travers son art.
Le classicisme s'oppose à cette expression des sentiments. S'il venait à y avoir un art artificiel, ce serait sans doute celui qui enterre la beauté de l'art sous un monceau de règles diverses créées par les hommes et non celui qui la prône à travers l'expression de profondes pensées