Un mouvement littéraire se forme à partir de trois points essentiels. Il lui faut générer de nouvelles idées, avoir un ou plusieurs chefs de file, et réunir un nombre conséquent d’adeptes dans un ou plusieurs lieux de réunion. La Révolution française de 1789 a banni à jamais les privilèges la Noblesse. La jeunesse issue de cette classe sociale ne trouve plus son rôle dans la nouvelle société française. C’est de ce mal de vivre, qu’on appellera le « mal du siècle » que le Romantisme va prendre ses premières racines. Les voisins britanniques et allemands, n’ayant pas la tradition classique française, ont été parmi les précurseurs de ce mouvement qui mettra le Moi au centre des créations artistiques. C’est Madame de Staël qui « importera » ces nouvelles idées en 1820, prémisses du Romantisme, d’Allemagne notamment dans un roman éponyme, véritable premier manifeste du mouvement. Plus tard, Victor Hugo, principal chef de file, qui réunira les adeptes comme l’a été Chateaubriand, dans son Cénacle, reprendra également les idées émanant de l’Angleterre, à travers entre autres Shakespeare et son théâtre. Parce que cette jeunesse va de déception en désillusion, elle ne croit plus en le mouvement dans lequel elle est née : le Classicisme. Le Romantisme va en réaction à ce dernier s’étendre à toute la création artistique en faisant appel à des thèmes récurrents, celui de la Nature qui va devenir la confidente et dont l’homme va se rapprocher, ceux de la Mort et de l’Amour, si liés, celui du Temps, le temps qui fuit, l’homme face au temps, face à sa mortalité et à une recherche toute nouvelle : celle d’expliquer l’Histoire médiévale pour comprendre l’histoire présente quand le Classicisme puise dans l’Antiquité.
Dans son manifeste, Madame De Staël place le poète comme un guide, celui qui fait le lien entre « le monde physique et le monde moral » dont elle parle dans le document 1. Comme le définira plus tard Hugo, le poète prend du recul par rapport au peuple, se