Le rêve américain
Après une première salle de fresques immobilières assez fades (Adam Cvijanovic), les grandes toiles bien écoeurantes de Will Cotton, peintures
Patrick Jacobs, Interior with View of the Gowanus Heights, 2011
minutieuses de sucre, barbe à papa, miel, pâtisseries et autres friandises bien caloriques servent d’écrin à des scènes à la Tiepolo ou à la Boucher, revues kitsch pop : quand décadence, voyeurisme et malbouffe vont ainsi de pair, la fin de l’empire est proche.
L’autre œuvre voyeuriste de l’exposition est, elle, déserte, sans humains : il faut se coller aux oculi de Patrick Jacobs, seul ou à deux, et observer derrière la lentille ses petits paysages campagnards, champignons et fleurs sauvages, ou cette vue de son appartement, qu’on croit pouvoir toucher, mais qui nous sont inatteignables. En naissent une nostalgie, une impuissance, un rêve mémoriel inaccessible qui nous attire inexorablement vers ce vide.
Thomas Doyle, Acceptable Losses, 2008
Plus dramatiques sont les rêves de Thomas Doyle, petites maisons typiques suspendues au bord du gouffre, à demi détruites, emblèmes de la précarité et de la catastrophe. Si ces maquettes montraient des maisons d’Irak, de Palestine ou de Bosnie, nous y ferions à peine attention, mais, pour ce pays jamais envahi, où la catastrophe naît le plus souvent de la nature ou de la crise, éprouverions-nous un certain plaisir masochiste devant cette peinture de l’horreur ?
Thomas Doyle, Armistice, 2011
Parmi les autres artistes, j’ai été un peu énervé par l’accent de certains sur le ‘fait main’, le naturel comme argument principal