Le rôle du mythe dans la formation de l'individu et la création littéraire
Le mythe n’est pas, comme on pourrait le penser, une catégorie générique de texte. C'est-à-dire que le terme « mythe » ne regroupe pas des textes similaires quant à leur forme. Au contraire, par le terme « mythe » sont plutôt désignés des textes similaires quant à leur fond, quant à leur portée. « Histoire fondamentale » pour Tournier, « texte fondamental » pour Boimare, le mythe est une histoire commune à tous les hommes d’une même culture, voire commune à tous les hommes en général, une fois dépouillée de ses contingences. C’est pourquoi on peut dire que le mythe, par sa nature universelle, joue un rôle dans la formation de l’individu et dans la création littéraire.
Le mythe est donc une histoire commune à un groupe d’homme, voire à tous les hommes. Chaque individu porte en lui le mythe, les mythes de sa culture. En quoi et comment le mythe participe-t-il à la formation de l’individu ?
Pour Mircea Eliade, une société ne peut « s’affranchir complètement du mythe », car le mythe véhicule les modèles exemplaires d’une société. Or c’est en fonction de ces modèles exemplaires qu’une société construit son système de valeurs et que chaque individu se construit, dans une logique d’imitation de ces modèles ou d’opposition. Mircea Eliade prend pour exemple les personnages illustres de la culture gréco-latine, pour la plupart d’entre eux personnages historiques mythifiés, c’est-à-dire décrits sur le même modèle que les héros mythologiques. Ces figures exemplaires sont toutes construites sur le même modèle : « la vie et les gestes de ces personnages historiques devenaient des paradigmes ». L’individu se trouve donc face à des modèles véhiculant tous les mêmes valeurs, ayant tous les mêmes qualités : courage, virilité, vertu… (en ce qui concerne les modèles masculins) : on peut donc penser que ces modèles avaient un impact très fort sur l’individu