Le sceptique est-il un ignorant?
Le sceptique est-il un ignorant ?
Cette question fort intéressante nous amène à étudier la philosophie sceptique. Cette philosophie naît au IVème siècle av. J.-C. en Grèce avec la figure de Pyrrhon d’Elis. Ce contemporain d’Epicure, bien qu’il n’ait rien écrit, a traversé les siècles grâce au témoignage de son élève timon de Phlionte. Inspirée de la philosophie de Socrate et de la sagesse hindoue, la philosophie de Pyrrhon repose sur le concept fondamental de suspension du jugement ou épochè en grec. Pyrrhon et les sceptiques soutenaient que l’Homme est incapable de déterminer le vrai du faux dans la nature, faute de critère discriminant. Sans remettre en cause l’existence des phénomènes, les sceptiques prétendaient que l’Homme ne peut pas à partir des outils dont il dispose accéder avec certitude à la réalité de la chose —le noumène. Ils adoptaient en conséquence un doute systématique sur toutes les opinions et les savoirs aboutissant à la suspension définitive du jugement. Si l’on s’en tient à la définition courante du mot, le sceptique est celui « qui affecte le doute sur toute chose » (Littré). Ce doute permanent qui s’identifie à un refus de l’opinion n’est-il pas une entrave à la connaissance et à la vérité ? S’agit-il d’un refus du savoir, qui justifierait l’ignorance qui leur est souvent associée ? Tout repose en réalité sur la signification que prend l’ignorance, et plus encore le savoir car l’ignorance n’est autre que le non-savoir. Ce terme ne répond pas à une définition précise, son signifié variant selon les pensées. Le terme savoir provient en réalité du latin sapere : « qui a de la saveur », d’où l’idée de pénétration, de compréhension, d’instruction. Le mot savoir relève autant de la vérité que de la somme de connaissances ou du savoir-faire, et le terme ignorant prend autant de significations. Ainsi l’éventuelle ignorance du sceptique est entièrement est entièrement déterminée par sa relation au savoir. De fait,