Le sida
Les premiers signes de l'épidémie remontent à la fin des années 1970, lorsque des médecins de New York et de San Francisco s'aperçoivent que beaucoup de leurs patients homosexuels souffrent d'asthénie, de perte de poids et parfois même de forme rare et atypique de cancer (comme le sarcome de Kaposi qui s'attaque aux leucocytes). L'existence d'un problème sanitaire est avérée en juillet 1981 lorsque le Center for Disease Control and Prevention (CDC) d'Atlanta relève une fréquence anormalement élevée de sarcomes de Kaposi, en particulier chez des patients homosexuels6. La maladie est d'abord connue sous le nom de « gay pneumonie » ou « gay cancer », GRID (Gay-Related Immune Deficiency) ou encore « gay compromise syndrome » aux États-Unis. Ces diverses appellations s'avérèrent inappropriées dès que s'affirma l'universalité de la maladie : dans l'été 1982 débuta aux États-Unis l'usage du sigle A.I.D.S. qui signifia d'abord Acquired Immune Deficiency Syndrome puis Acquired Immunodeficiency Syndrome. En France la Direction Générale de la Santé adopta en 1982 le sigle S.I.D.A. pour Syndrome d'Immunodéficience Acquise ou Syndrome d'Immuno-Dépression Acquise ; avec les années le sigle est devenu un nom : on écrit désormais « sida » 7. (Cette appellation de « syndrome » se justifiait alors puisque l'on ne connaissait pas la cause de la constellation des troubles observés).
L'origine virale ne fut pas d'emblée évoquée et l'hypothèse d'une intoxication par des produits comme les poppers (stimulant sexuel contenant du nitrite d'amyle) a pu être émise au début, car les six premières personnes malades en avaient toutes été de gros consommateurs. De même, l'identification du virus responsable a été difficile, beaucoup de scientifiques parlant d'HTLV comme cause de l'épidémie. C'est à la même période que de nombreux transfusés sont contaminés par des lots de sang contenant le VIH. En quelques années, le virus va