Le silence
« Au commencement était le verbe » ; certes.
Mais avant ?
Avant, régnait sans doute le silence immense ante création où toute chose était non faite, non créée, immergée dans un océan infini de possibles à venir.
Le Silence serait le terreau fertile de la réflexion puis de la création.
L’étape préalable avant le verbe
La tension qui précède le mouvement.
L’apprentissage de la vie maçonnique exige donc ce silence, source de réflexion.
La réflexion avant l’action, l’écoute avant l’expression. Une étape propice à l’introspection pour observer, s’observer, méditer, réfléchir, se concentrer, analyser pour mieux comprendre ou mieux sentir l’émotion qui habite les mots des autres frères maîtres et compagnons. Attention avant l’action, concentration avant « le dire ».
Le silence est pour moi déjà un vieil ami. Même avant l’initiation maçonnique le silence m’a souvent accompagné. Seul en voyage pour mieux admirer la beauté de la nature et l’esthétique d’un paysage. En plein océan l’œil rivé sur l’horizon à observer l’immobilité d’un pacifique assoupi. Dans la course à pied en équilibre entre effort physique et extase psychique. Dans un vestiaire à peine chauffé, mêlé aux effluves de camphre la peur transcendée et l’envie de combattre de tous les co-équipiers à l’unisson avant le coup d’envoi. Dans la souffrance sourde d’une absence improbable. Dans un amour non dit. Dans un lieu sacré. Au cœur d’un instant subtil de méditation.
Le silence peut aussi parfois gêner. En discussion avec un interlocuteur « le taire » apparait tout à coup en laissant s’installer peu à peu le silence. Là, souvent, le malaise peut apparaître et rapidement l’un ou l’autre souhaite s’en extraire en brisant brutalement ce silence. Pourquoi ne pas rester plutôt en suspension dans cet état ?
Mais voilà, dans une société de communication le silence n’a plus beaucoup de place et les expressions à connotation négative sont nombreuses : un silence de mort, une minute