Le soleil des scorta
Sur un chemin de poussière, un âne avançait lentement. Et son cavalier semblait une ombre condamnée à un châtiment antique. L'âne atteignit le sommet de ce qui semblait être la dernière colline du monde. C'est alors qu'ils virent Montepuccio.
A cette heure de l'après-midi, le village était plongé dans la mort. Luciano Mascalzone déambula dans les rues étroites du vieux village endormi.
La vieille bête s'arrêta net devant la maison des Biscotti et ne bougea plus. L'homme sauta à terre avec une étrange souplesse et frappa à la porte. Une femme d'une quarantaine d'années était devant lui. Elle l'observait comme on fixe le destin dans les yeux. Elle lui appartenait déjà. Puisque après quinze ans il était revenu et avait frappé à sa porte, peu importe ce qu'il lui demanderait, elle donnerait.
Luciano pénétra chez les Biscotti. Cela allait lui coûter la vie. Il le savait. Il savait tout cela et la certitude du malheur ne le fit pas tressaillir. Il pénétra dans la maison. Elle ne dit rien. Il la déshabilla. " Filomena… ". Il était comblé. Il faisait ce qu'il s'était juré de faire. Quinze années de prison à ne penser qu'à cela. Posséder Filomena Biscotti et mourir. Le reste, tout le reste, ne comptait pour rien.
Luciano Mascalzone ressortit de la maison de Filomena Biscotti sans avoir échangé un seul mot avec elle.
La nouvelle était née et commençait déjà à se propager, d'une maison à l'autre, de terrasse en balcon, relayée par ces vieilles bouches édentées.
Il arriva enfin à la sortie du village. Un groupe d'hommes avait surgi de nulle part et lui bloquait le chemin. Ils étaient armés de bêches et de pioches. Le visage dur. Il y eut un long silence. Soudain une pierre le heurta en plein crâne. Il tomba dans la poussière, les pieds emmêlés dans l'étrier.
Le curé venait d'accourir et il s'était interposé entre les hommes et leur proie. Les villageois l'insultaient.
Et puis