Le soufisme algérien coloniale
Lorsqu’au premier tiers du XIXème siècle, la France se lance à la conquête de l’Afrique du nord,en particulier de l’Algérie,le soufisme se trouvait déjà organisé en confréries.En 1897,Depont et Coppolani dans leur livre intitulé Les confréries religieuses musulmanes en dénombrent vingt-trois dans le pays. Certaines étaient d’origine orientale (Syrie, Iran, Turquie, etc.), et s’étaient implantées comme des antennes locales rattachées encore à leur Q.G. en Orient. D’autres avaient pris leur indépendance vis-à-vis des cheikhs du levant, et avaient même adopté le nom de leur fondateur ou rénovateur local.
La dernière en date était alors la confrérie Tijâniyaa, fondée par le cheikh Abu-l-Abbâs Ahmad b.Muhammad b. al-Mukhtâr b. Sâlim al tijânî,né en 1738 à Ayn Mâdhi,72 kms de Laghouât (Algérie) et mort 1815 à Fès (Maroc),soit quinze ans avant le début de la conquête de l’Algérie par la France. Le Shaykh Ahmad-at-Tijânî fut peut-être le plus grand maître du soufisme que la terre algérienne ait enfanté au cours des derniers siècles, au point de vue de l’envergure intellectuelle. Son enseignement est exposé dans le Jawâhir al-ma’âni, composé par son disciple Ali b.Harâzim. Shaykh Sid-Ahmad Tijânî fut une personnalité exceptionnelle qui continue de susciter un grand intérêt tant parmi les milieux soufis que parmi les chercheurs. Avant de créer sa propre confrérie qui trouvera une large diffusion dans l’Afrique saharienne, il avait été un murîd de la tarîqa khalwatiyya fondée en Iran par Muhammad al-Khalwatî al Khawârizmi (mort en 751 / 1350). Sa confrérie avait son siége à Ayn Mâdhî,prés de Laghouât. Mais suite aux attaques des turcs qui redoutaient l’émergence d’un pouvoir rival, il se réfugie au Maroc,en 1799, où il est accueilli chaleureusement par le sultan Moulay Slîman. Après sa mort, ses successeurs retourneront à Ayn Mâdhi.
Son deuxième fils et successeur refusera de faire allégeance à l’émir Abdelkader, qui viendra