le stress chez les infirmières
De quoi se nourrit le burn out des infirmières et quels sont les moyens mis en place au niveau individuel et institutionnel pour y faire face ?
● L’idéal et la réalité
Dans l’imaginaire infirmier, l’investissement personnel du soignant a pour récompense la reconnaissance du malade : « J’ai un métier relationnel que j’aime et qui m’apporte énormément de satisfactions […] : soulager la douleur physique et morale, aider les malades à passer le cap difficile de la maladie... Le
Santé conjuguée - avril 2005 - n° 32
Marc Loriol, docteur en sociologie, chargé de recherches au
Centre national de recherche scientifique, Paris I.
Article paru dans la revue Prévenir n° 40 « Travail et santé », 2001.
Le travail sur l’humain, notamment lorsqu’il s’agit de porter secours à celui qui est fragilisé par la maladie, est nécessairement porteur d’une forte charge émotionnelle. Mais dans le même temps, le travail relationnel est porteur d’incertitudes : il n’est pas possible de prévoir comment l’autre va se comporter, va recevoir le service, s’il va exprimer ou non de la reconnaissance, de la gratitude. La réalité peut donc facilement différer de la situation idéalisée par l’idéologie professionnelle. Les théories psychologiques sur le burn out se présentent comme un moyen de dépasser cette incertitude, comme un discours sur la bonne relation au « client ». Elles s’inscrivent ainsi dans un processus de rationalisation du travail relationnel : l’engagement personnel incontrôlé doit laisser la place à une distanciation toute professionnelle.
Le plus souvent les malades ne sont pas agressifs avec l’infirmière, mais la reconnaissance de son travail reste problématique. Si le malade est capable de reconnaître la gentillesse, celleci ne constitue pas une compétence professionnelle. Les infirmières interrogées reprochent parfois aux malades ou à leur famille de ne pas suffisamment reconnaître leur travail « relationnel », de