Le temps des crises - michel serres
2285 mots
10 pages
Temps des crises de Michel Serres, de l’Académie française Le parcours de Michel Serres est atypique. Issu d’un milieu agricole et marinier, il a été élève à l’École navale et à l’École normale supérieure. Agrégé de philosophie, il est membre de l’Académie française depuis 1990 et enseigne à l’Université de Stanford. Dans cet entretien avec Jacques Paugam, il développe les points essentiels de son dernier livre Temps des crises dont l’intuition fondamentale est la nécessaire primauté des sciences de la vie et de la terre dans les institutions de demain. Une analyse fine et originale des évolutions de notre siècle et un message plein d’espoir sur le monde futur. Une quadruple révolution Le très long sous-titre de Temps des crises donne le ton : « Mais que révèle le séisme financier et boursier qui nous secoue aujourd’hui ? Si nous vivons une crise, aucun retour en arrière n’est possible. Il faut donc inventer du nouveau ». Dans ce livre, Michel Serres, entend relativiser l’importance de la crise économique et financière qui sévit depuis 2007. Notamment vis-à-vis d’autres bouleversements majeurs, intervenus depuis la fin de la seconde guerre mondiale et importants au point d’avoir été passés sous silence. Mais il est bien connu que les nouveautés arrivent « comme un voleur dans la nuit » (Saint Paul) ou sur des « pattes de colombe » (Nietzsche) rappelle Michel Serres. Parmi ces changements décisifs, l’écrivain cite : L’effondrement quasi vertical du nombre d’agriculteurs et des professions associées, qui ne concernent plus aujourd’hui que 1.7% de la population contre 60-75% aux alentours 1900. C’est en ce sens que la fin du XXe siècle a sonné « la fin du néolithique » selon Michel Serres, la domestication d’espèces de la faune et de la flore par les hommes ayant commencé au cours de cette période préhistorique. La mobilité des personnes et des choses. Dans les années 2006-2007, la moyenne de distance d’origine des marchandises présentes dans un grand magasin