Le theatre
"Eviter la psychologie, ou plutôt lui donner une dimension métaphysique. Le théâtre est dans l'exagération extrême des sentiments, exagération qui disloque la plate réalité quotidienne".
Dans quelle mesure cette définition du personnage et du théâtre s'applique-t-elle aux oeuvres théâtrales que vous connaissez ?
Le personnage de théâtre n'existe que le temps de la représentation, par son discours et par son jeu, il est tout extériorité. Son absence d'intériorité obère la dimension psychologique, et même le réalisme : le personnage de théâtre ne peut s'assimiler à une personne réelle (à la différence du personnage de roman), notamment à cause de la stylisation de la représentation théatrale (par rapport au cinéma).
Le personnage de théâtre est ainsi fortement stylisé, du simple rôle (comédia dell'arte) à la convention théâtrale (voir fiche sur le valet de comédie). Dans certains cas, il peut même acquérir une dimension symbolique au point de représenter un type voire un archétype (Harpagon, Dom Juan, ...), voire en incarnant une valeur morale (ou un complexe de valeurs morales). C'est ainsi que l'on peut comprendre la notion d'exacerbation des sentiments.
Ainsi se trouve mise en oeuvre la fonction cathartique de la représentation théâtrale. Cette représentation présente un "archi-modèle" subsumant les situations concrètes similaires, et les informant en proposant une mise en problématique (et un mode de résolution) de celles-ci. L'exacerbation dont parle Ionesco joue aussi à ce niveau : les antagonismes, stylisés, apparaissent dans toute leur violence (roman ou cinéma donnent une vision plus nuancée car plus complexe).
Toutefois la représentation théâtrale ne se réduit pas à la mise en scène de conflits de valeurs. Les conventions de l'art théâtral créent un univers de référence, ont un réalisme propre (cf. le statut du personnage : par exemple, le valet de comédie, dont l'impertinence a ses