Le théatre dans le théatre
LE THÉÂTRE DANS LE THÉÂTRE
Le monde entier est un théâtre et les hommes et les femmes n’en sont que les acteurs (Shakespeare, Comme il vous plaira) La vie n’est qu’une ombre en marche, un pauvre acteur Qui s’agite pendant une heure sur la scène Et puis on ne l’entend plus (Shakespeare, Macbeth) Dans cent ans […], ce sera le même théâtre et les mêmes décorations. Ce ne seront plus les mêmes acteurs. […] Il s’avance déjà sur le théâtre d’autres hommes qui vont jouer dans une même pièce les mêmes rôles. Ils s’évanouiront à leur tour. Et ceux qui ne sont pas encore, un jour ne seront plus. De nouveaux acteurs ont pris leur place (La Bruyère, Les Caractères)
La vie offre de multiples exemples de répétitions, de récurrences, d’effets de résonance et de spécularité. Le théâtre aussi. Échos, reflets, situations mimétiques enchâssées dans des événements vécus en direct, impressions impalpables de déjà-vu ou de déjàentendu sous-tendues par une réalité massive à laquelle elles renvoient indéfiniment, mise en abyme et mise en perspective, prise de distance et regards obliques : tels sont les signes manifestes – les signaux de détresse parfois – qui caractérisent la re-présentation (théâtrale notamment). Quand l’acteur, pur objet de spectacle, devient à son tour spectateur ou que le spectateur, délaissant un moment son rôle passif, devient acteur sur une scène aux dimensions d’un théâtre du monde, quand, en un mot, le théâtre fait concurrence à la vie et que la fiction en vient à singer la réalité, alors le processus de dé-réalisation est enclenché, l’illusion est en passe de fonctionner à plein, l’apparence, dans toute sa sophistication, prend le pas sur les données de l’expérience brute. Mais, ne nous y trompons pas, loin de glisser sur la surface des apparences, nous sommes amenés à en explorer les profondeurs. Le « théâtre dans le théâtre » (avec son cortège de ruses et de stratagèmes) nous entraîne malgré nous – et