Le travail
C'est le protestantisme qui réhabilitera le travail : la marque de la fatalité qui pèse sur l'être humain est aussi le moyen d'y échapper. En effet, le travail n’est cependant pas toujours aliéné et exploité. Il peut également, comme nous l’avons vu pour l’artisan, être positif et formateur. C’est ainsi que même dans une situation d’aliénation et d’exploitation, le travailleur peut ressentir le pouvoir libérateur du travail, comme l’a montré Hegel.
Dans sa Phénoménologie de l'Esprit, Hegel montre l'esclave se libérant de sa servitude grâce à ce qui constitue sa servitude même : travailler, c'est prendre du recul par rapport à son corps, à sa jouissance immédiate. C'est aussi donner de soi une forme objective reconnaissable par autrui. En effet, le maître, après la lutte à mort et la domination sur l’esclave, se contente de jouir passivement des choses, d’user des fruits du travail de celui-ci. Ainsi s’enfonce-t-il dans une jouissance passive, alors que l’esclave extériorise sa conscience et ses projets dans le monde. Aussi acquiert-il, progressivement, son autonomie. Être un maître sans travailler représente, par conséquent, une impasse, alors que le travail dans lequel la conscience s’objective est la voie de la libération humaine. L’esclave forme les choses et se transforme