Le xvii-e siecle literaire
“... ce temps ne se retrouvera plus...”
Voltaire
Le XVII-e siècle est connu sous le nom de Siècle classique, Siècle de Louis XIV, Grand Siècle. La première dénomination, celle de Siècle classique, est la plus partielle et simpliste du point de vue littéraire, du fait que le XVII-e siècle a connu au moins deux grandes esthétiques: le baroque et le classicisme. Même si pour une certaine période ou chez certains auteurs les deux tendances coexistent, cela ne doit pas nous empêcher d’y voir une distinction importante du point de vue artistique et de refuser une complexité que l’exégèse littéraire a rendue manifeste. Ce sont d’ailleurs les romantiques qui se sont insurgés les premiers non seulement contre les contraintes du classicisme, mais aussi contre cette perspective monolithique du XVII-e siècle. Ce sont eux qui ont redécouvert non seulement la poésie de la Renaissance, mais aussi les poètes du règne de Louis XIII, ainsi que la coupure que le jansénisme a pu apporter aux mentalités des gens du XVII-e siècle. À Corneille, Racine, Molière, La Fontaine, comme représentants d’une esthétique soumise aux règles et à la rigueur ils ont opposé Saint-Amant, Théophile de Viau, Cyrano de Bergerac, Tristan l’Hermite, Scarron, épris de liberté, qui témoignent d’un goût pour le réalisme, dont la fantaisie s’accorde mal avec la doctrine classique. Aujourd’hui encore subsiste l’image du XVII-e siècle réduit au seul classicisme, réduit en fait à la génération de 1660-1680, époque privilégiée d’ailleurs à juste titre où littérature, vie de cour, succès politiques rendent un éclat particulier à l’histoire de la France et un prestige inégalé à la langue française. La dénomination de Siècle de Louis XIV, en dehors de ce qu’elle a de partiel, car le règne du Roi Soleil, même si celui-ci a joui d’une longévité hors pair (1661-1715), ne couvre pas cent ans, reste purement historique. Nul ne peut nier l’importance d’un règne aussi long, du fait même de sa durée