Le boeur, le noir, les touristes et le formisme
LES TOURISTES ET LE FORÇAT
Formes du travail lycéen et pratiques d'évaluation
Anne Barrère
Professeur en sciences de l’éducation, Lille III
Enjeu incontournable des études, l'évaluation fonctionne comme un lieu géométrique puissamment unificateur, des attentes à l'égard de l'école. Entre travail demandé, travail produit et travail jugé, nombreux sont cependant les risques de décalage et ce point de jonction peut devenir point de friction entre profs et élèves, accentuant …afficher plus de contenu…
Mais au lycée, ce désajustement de- vient très important entre les connaissan- ces et leur restitution : les élèves parlent alors de « hors-sujet » (dans un sens qui ne correspond d'ailleurs pas forcément à celui qu'il a pour les enseignants). Selon une élève, souvent citée ici (compte tenu de l’intérêt de ses réflexions), le « hors- sujet » consiste à témoigner de connais- sances en décalage par rapport à la de- mande : « On a de bonnes réponses, mais pas aux bonnes questions », dit-elle et cette impression fait partie de l'expérience quotidienne des lycéens qui l'imputent bien souvent à la mémorisation « …afficher plus de contenu…
Ils savent la plupart du temps quelle partie de leur devoir se trouve
« hors-sujet », mais espèrent que l'évalua- tion créditera leur travail d'au moins sept ou huit points. C’est d’ailleurs parfois ce qui arrive, comme j'ai pu le constater dans les réponses recueillies au cours d’entretiens avec les élèves, ou même an- térieurement, à travers ma pratique d'en- seignante. Premier « trou noir » de l'évaluation, cet enrichissement des tâches requiert donc « autre chose que des connaissan- ces » sans que cette autre chose soit for- cément évidente pour les élèves.
2. L'incertitude de la règle
La technicité du travail scolaire devrait donner des certitudes puisqu'elle